À l'eau des mots
chante le caillou de la langue
le sable mouillé des lèvres
par l'écume bruissante de l'eau
dénude les récifs de ses dents.
Le désir est blessure
il saigne des histoires immatures
il dévore des sabres volants
croyant posséder chaque instant.
La source s'écoule à contre temps
creusant la caverne des corps
hanté d'un esprit pensant
qui brûle les os de ses remords.
Elle est ce qui nourri
comme la mort qu'on mange
ce qui vivifie aussi
par les voies (des sorts ou) des anges
et ce qui pourri
cause de nos devenirs étranges.
Chaque goutte ou chaque mot
creuse en nos terres d'émaux
ce (qui) inconnu que nous sommes peut être
Par ces obscurs et longs sentiers
qui n'en finissent pas d'étirer
le pas de nos portes à être
vers cet inconnu intérieur
que l'on cache sans y croire
sous le voile de nos mémoires.
Ce qui se détruit se détruit tout seul,
laisse donc Dieu à ses affaires
et offre ton temps à son paradis.
L'amour et sa lumière
Sur les traces de la lumière
les sentiers de l'ombre s'altèrent
creusant l'univers et sa matière.
Le peuple des choses qui l'habite
hurlant dans les sillons,
bercer par la houle qui s'agite
sombre lentement en son trouble
comme la mémoire naissant de son double.
Rêvant d'une paix en or
qui ne sait retenir en soi que la mort
elle embrasse ce qui jamais ne se répète
consumant de son désir seulement ce qui s’arrête.
Mais sa quête est ce qui n'a pas de frontière
son territoire aussi vaste soit-il
le contenir pour le chérir, le pourrait-il?
Si les sentiers de l'ombre
ont imaginés ce monde de décombres
était-ce pour y retenir un instant la lumière
qui suinte sans fin depuis chaque pierre?
Ce labyrinthe où l'on cherche en vain l'origine du soir
où chacun est le mensonge du miroir
ce qui ne voudrait plus jamais croire
ce qui s'est perdu dans l'origine du noir
ce qui est aveugle à force de voir
et n'est jamais ici pour toujours…
Il y a-t-il un amour? sans lumière
Il y a-t-il une lumière sans feu?
Et un feu sans détruire
une destruction sans perte
une perte sans désir
et sans désir où serait l'amour et son rêve de lumière?
Il y a-t-il? un amour sans lumière.
L'amour est sans lendemain
parce qu'il advient depuis l'éternité
qui voudrait le prendre
l'aurait-il perdu pour toujours?
qui pensait le laisser
l'a-t-il trouvé à jamais?
L'amour est rebelle, courant à sa perte
et sa lumière, comme autant de plaies ouvertes
qui nous laisse esseulées en notre monde de cicatrice
où fleuri le touché de toutes ces caresses sans matrice..
L'encre qui saigne par l'encre des mots
ce qu'on laisse peut il être autre chose qu'une tâche?
Quand tu es là, tu n'es pas là
On ne rencontre que des fantômes
puisqu'ils sont les seuls qui n'oublient pas.
T'es tu déjà rencontré?
Le monde est inhabité depuis qu'ilsy sont nés.
Le temps ne passe que si on le laisse passer
avec le peuple de la solitude qui s'en serait allé
Le temps a trop vécu pour se souvenir de la vérité
Les souvenirs n'emportent que le passé
les rêves n'offrent que le futur inaccessible
et tes actes ne sont que les cicatrices du présent
qui te saigne de tes histoires secrètes
la vie est belle comme celle qui se voit
sachant qu'elle n'est pas regardé.
Parfois la solitude se fait belle.
Une ombre orange glisse dans la vallée
un chant s'élève depuis le gèle sous les pierres
un grand vaisseau d'or sombre lentement derrière
une vague de roches déchiquetées.
le jour referme sa porte sur le pas de la nuit,
là bas un feu solitaire fume serein son calumet de paix
seul l'homme s'agite au sein de cette immensité
étranger à son monde il ne voie rien de tout cela
hormis la futilité de ses passions sans lendemains.
La nuit passe
Un seul rêve
Ma main, l'horizon de la nuit, la rive des falaises,
un seul rêve.
Une brindille d'herbe s'agite,
j'entrouvre le voile sombre baisant mes yeux
un seul rêve.
Le froid contre moi
compagne sans feu aux mains de paix
là bas sursaute le silence, est ce toi?
le ciel renouvelé
le claquement du vent sur la glace invisible,
l'air semble gaie au delà des nuages,
ton rêve c'est lové dans le creux de ces rochers sombres,
toi et moi le même songe?
Suis je dans ton rêve
ou es tu dans le mien?
Un mot sur mes lèvres,
comme un baisé que l'on sèvre
et le rêve n'est plus un,
je t'ai nommé et le miroir luit de son éclair brisé,
lame de couteau dans la plaie de ma bouche cousue,
je suis et tu n'es plus, tu es et je te vois,
présence et je m'éveille,
la nuit frémi encore avant de s'évanouir
déjà
est ce toi l'aube
qui appelle.
mon aubaine qui ne se connaît plus?
Le chant heureux de tout les jours
Le soleil frappe à la porte de la chambre
et le matin pointe son nez entre les blessures du vieux bois,
viens, lève toi, ouvrons nos cœurs soudains
aujourd'hui c'est éveillé en nous
depuis cette allée de fleurs de seins.
Les sons des pieds nus
sur la terre qui bat,
douce mélodie jouant dans la poussière d'or,
et chatouille le ventre plein de la maison qui dors.
Les cris de joie d'un tout petit enfant
percent le silence de sa couleur en riant.
Le vent paresseux derrière le paravent des montagnes
se retourne dans sa couche de ciel, ouvre un œil
et se rendors.
l'eau d'une rigole,
égoutte ses perles de voix
une à une dans le verger en fleur
et puis la folie du monde se déverse depuis le rue de terre
politique, cris et musiques dures
venus depuis de tristes fêtes
où l'on confond la joie avec la destruction de l'homme
par l'abondance futile de tout,
beaucoup est vraiment si souvent bien peu de chose,
mais il vaut mieux se taire
ce progrès là est bien jaloux de ses esclaves
qui triment sans relâche à produire leurs inutiles idoles,
n'est il pas le maître incontesté du monde.
Le vent se lève enfin
et balaie la lumière du soleil sur le toit
le silence ouvre toute grande sa belle bouche pleine
et entonne à nouveau son chant heureux de tout les jours
que nous sommes les seuls à entendre.
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